Anciens : Robert Pirès (ex-FC Metz) : « On a pris soin de moi à Metz »

Légende du club à la Croix de Lorraine, Robert Pirès s’est confié sans filtre sur ses débuts avec les Grenats, sa relation avec le coach Joël Muller et le titre en Coupe de la Ligue. 
Une brillante interview réalisée par le youtubeur-streamer Zack Nani dans son émission « Zack en Roue Libre ».

Robert Pirès, c’est l’histoire d’un gamin devenu grand. Grand par sa carrière, son palmarès et par son immense talent. Si tout débute à Reims, sa ville natale, c’est un coup du destin qui envoie le jeune prodige de 18 ans sur les bords de la Moselle. En octobre 1991, son club formateur, le Stade de Reims, dépose bilan. « Ca a été dur au moment de l’annonce. Quand tu es joueur, tu te dis « qu’est-ce que je vais faire et surtout où je vais aller ? », se rappelle Rober Pirès. « J’avais fait un essai à Lille et à Valenciennes et les deux ont été négatifs. Puis, le scout de Metz est venu, il a pris trois jeunes de Reims et j’en faisais partie. Pourquoi ? Ça je ne sais pas. Je lui ai tapé dans l’œil. L’aventure a continué comme ça. En 1992, j’ai rejoint le FC Metz. »

Il livre son ressenti vis-à-vis de ce départ inattendu : « D’abord je suis un peu triste parce que j’aurais aimé signer professionnel au Stade de Reims. Puis après, je suis content et mes parents aussi parce que j’ai toujours cette chance et cette opportunité de signer pro dans un autre club. La distance est courte entre Reims et Metz donc tous les quinze jours, mes parents venaient me voir jouer à domicile. Honnêtement, l’adaptation a été plutôt bonne. J’ai été bien accueilli, et j’ai continué à bosser il n’y a pas de secret. »

« Soit tu réussis, soit tu pars aux oubliettes »

Au cours de sa première saison sous la tunique grenat, Robert Pirès effectue sa première apparition avec les pros, lors de la 30ème journée de L1 face à l’Olympique Lyonnais. Une titularisation et 90 minutes jouées, qui resteront à jamais gravé dans sa mémoire. « Ce match-là, je ne peux pas l’oublier. Parce que c’est le plus important. C’est soit tu réussis, soit tu pars aux oubliettes. Si on te donne une chance, il faut savoir la saisir et ne pas laisser passer le train. »

L’ancien milieu de terrain raconte : « Au début, je suis dans le groupe mais remplaçant. Sauf que le matin, Joël Muller l’entraineur vient me voir et me dis « Robert, ce soir tu débutes le match.». Là, coup de pression. Je lui demande « Mais, pourquoi ? ». Il me dit que Nicolas Huysman, le titulaire, est malade donc il me dit que je vais le remplacer. Donc, habituellement, on est à l’hôtel et on fait la sieste. Quand tu es remplaçant, tu es dans un autre délire. Sauf que là je n’ai pas pu dormir. Impossible. J’ai dû faire ou m’imaginer environ 50 scénarios sur le match. En plus, j’étais sur ce côté gauche donc je regarde qui est le latéral droit en face : c’est Manuel Amoros. C’est chaud. C’est un des meilleurs défenseurs français. ».

« Ça se passe hyper bien. Je fais un gros match et surtout le plus important, c’est qu’on gagne 2-0. Après, comme tous les joueurs, on regarde les notes et les commentaires. Et en fait, j’ai que du positif. L’aventura a commencé comme ça et c’est pour ça que je ne peux pas oublier ce match. », finit-il avec le sourire.

« Joël Muller m’a empêché de me brûler les ailes »

En revanche, après cette première réussie, Robert Pirès disparait peu à peu des radars. « Joël Muller voulait me protéger et me conserver. », explique-t-il. « Il ne voulait pas me bruler les ailes. Je disparais mais je reste avec les pros. Sauf que lui commence à préparer la saison d’après. »

A propos de son intégration, il poursuit : « J’ai été hyper bien intégré. Je ne sais pas pourquoi mais on a pris soin de moi à Metz. C’est pour ça que j’ai réussi. Joël Muller m’a empêché de m’enflammer trop rapidement ou prendre la grosse tête. Ça aurait pu m’arriver. Mais le fait que je fasse ces deux matchs, que je disparaisse un peu tout en restant avec les pros et que la saison d’après, je reparte avec eux, c’était l’idéal. »

En effet, celui qui allait être considéré comme l’un des espoirs du football français continuait une saison supplémentaire avec le FC Metz plus dense. Le 24 septembre 1993, le jeune grenat signe son premier but en pro au Stade Vélodrome, contre la grande équipe de l’Olympique de Marseille, son futur club. « Ce n’est que des bons souvenirs. Je m’en souviens, on est au Stade Vélodrome avec un contexte particulier. A l’époque, j’adorais l’entrée des joueurs à Marseille, c’était la trappe dans le virage. Ça se passe, 1-0 pour nous, 2-0, puis là je pars en profondeur. J’arrive devant le gardien et bam petit piquet, 3-0. Je m’enflamme, donc je vais voir le banc messin. Il n’y a pas de provocation, mais là envahissement de terrain. Je ne pense pas que ce soit par rapport à mon but, mais parce que le score fait mal, surtout pour Marseille à l’époque. Ils n’étaient pas habitués à prendre une rouste à domicile. Pour eux, Metz ce n’est personne. »

S’en suit la saison 93/94, où Pirès est aligné 14 fois titulaire mais aussi, 14 fois hors du groupe. « C’était un calcul. Ce qui est important entre la relation de l’entraineur et du joueur, c’est la communication. A partir du moment où il te dit ce qu’il va faire, de toute façon c’est lui qui décide donc si tu le sais, tu peux anticiper. »

Après deux années d’adaptation, Robert Pirès est désormais un élément indiscutable des Grenats. Titulaire à 33 reprises en championnat pour 9 buts et 4 passes décisives, le milieu gauche semblait mieux préparé : « Physiquement, j’étais au top et j’étais capable de résister à n’importe quel effort », assure-t-il encore aujourd’hui. « J’avais un rôle un peu particulier, celui de piston, où il faut remonter et descendre en permanence et enchainer les allers-retours. […] On a travaillé beaucoup aussi avec Joël Müller, les présaisons étaient incroyables. On restait à Metz, on allait courir le long du canal pour ceux qui savent de quoi je parle. On a travaillé énormément le foncier, donc physiquement je tenais la cadence. »

Le titre en Coupe de la Ligue : une finale « pourrie » !

Dans le même temps, après une longue épopée, le FC Metz est éliminé en demi-finale de Coupe de France (1-0) par son rival, le RC Strasbourg. La légende messine conserve encore des regrets : « Des regrets, on en a toujours à une marche de la finale. Après, je ne sais pas si on l’aurait gagné. Mais la tristesse sur ce match, c’est qu’on le perd parce que c’est le derby. Un derby qui est assez fort et prononcé surtout à l’époque, peut-être un peu moins aujourd’hui, mais je me souviens c’était toujours hyper tendu. Perdre contre eux, c’était dur pour nous, mais surtout pour les supporters. ».

Une déception qui est néanmoins remplacé par le bonheur de découvrir la Coupe d’Europe et de remporter son premier titre en Coupe de la Ligue lors de l’exercice 1996-97. Une victoire acquise en finale contre l’Olympique Lyonnais, dont le futur Gunners se souvient pour une raison bien spéciale : « Très content parce que c’est ce que tu recherches. C’est bien beau d’aller en finale, mais ce qui est important, c’est de graver le nom du club sur le trophée. Mais c’est certainement la finale la plus pourrie que la compétition a connue ! (rires) Les gens qui étaient au stade ou qui regardaient à la télé, je pense qu’ils se sont fait chier, vraiment. Même moi sur le terrain, je me suis emmerder tellement personne ne voulait prendre de risque. », déclare-t-il, toujours avec franchise. « Honnêtement, Lyon aurait mérité de gagner parce qu’ils ont développé autre chose que nous, parce que nous, on était vraiment sur le défensif. On n’a rien fait, on n’a rien développé, on attendait qu’une chose c’était d’aller aux tirs au buts. Ce n’était pas la consigne mais quand tu es sur le terrain et que tu vois que l’adversaire est plus fort que toi, tu essaies de résister. ».

Puis est venu la célébration, mythique pour les fans messins, lui aussi s’en souvient : « Après les Lyonnais étaient vénères. On a fait la chenille, mais ce n’était pas de la provocation, c’était notre marque de fabrique par le billet de Rigobert Song parce c’est lui qui en est à l’origine. C’était marrant, un bon souvenir pour nous. »

« L’intérêt du Benfica ? Un privilège mais j’ai dit non. »

Depuis quelques années, Robert Pirès brille sur la planète football et intéresse forcément les plus grands clubs européens. Le Benfica, notamment, un club historique auquel son père est attaché tout particulièrement. Pourtant, le jeune espoir en a décidé autrement. 

« Je ne voulais pas y aller. Aussi simple que ça. Parce qu’à Metz, j’étais bien je savais que j’allais jouer, j’avais gagné un peu plus d’argent que sur mon premier contrat et parce qu’on me faisait confiance. En partant à l’étranger, je ne savais pas où je mettais les pieds. Ce n’est pas que je n’avais pas confiance en moi, mais j’avais cette sécurité de jouer et c’est ce que je voulais. Pour moi, c’était important de ne pas me griller. Avoir l’intérêt du grand Benfica, c’était un honneur, un privilège, mais j’ai dit non. »

C’est donc finalement qu’après avoir glané un titre de Champion du Monde 1998 avec les Bleus, que Robert Pirès fera ses valises et s’envolera vers Marseille. Avec le succès qu’on lui connait.

L’interview dans son intégralité est à retrouver en podcast ou sur la chaîne YouTube de Zack Nani dans son émission « Zack en Roue Libre ».

Crédits photo : Icon Sport 

A.M. 

www.socios-fcmetz.com

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