De passage en terre bretonne, les Messins ont retrouvé de la vertu en battant logiquement Rennes (1-2) grâce à sa doublette Dossevi/Roux. Et si le rêve était encore permis ?
La composition
Après s’être vautrés dans les grandes largeurs sur leur pelouse face à Lyon (0-5), les joueurs du club à la Croix de Lorraine vont vouloir logiquement s’atteler à expier leurs pêchés en livrant une réelle bataille du côté du Roazhon Park. Pour ce faire, Frédéric Hantz procède à quelques changements tactiques pour tenter de retrouver son assise défensive.
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Ainsi, le 4-2-3-1 est reconduit avec un onze quasi sans surprise si l’on excepte la permutation entre Niakhaté et Rivierez -qui retrouve sa place au sein de la charnière centrale- et le replacement de Fallou en position de milieu relayeur au détriment de Mandjeck. Du côté des blessés, l’infirmerie accueille toujours les infortunés Jouffre, Bisevac, Udol, Didillon et Assou-Ekotto ; Nguette, Bisevac et Jallow dans leurs cas, n’ont pas été retenus dans le groupe.
Le film du match
Dès le coup d’envoi, les dissemblances au niveau des dynamiques respectives des deux clubs se font clairement ressentir. La position des Messins en bloc bas médian et compact contraste largement avec les velléités de jeu de leurs hôtes du soir. Les Rennais sont d’ailleurs les premiers à se montrer dangereux : côté droit, Khazri enrhume Rivierez avant de centrer vers Sarr dans la surface dont la reprise est contrée par la défense messine (4ème). En ce début de match, la possession est largement à la faveur des Bretons et pourtant les Grenats parviennent à s’illustrer offensivement : des suites d’un joli une-deux entre Mollet et Dossevi côté droit, le dernier cité tente sa chance mais sa frappe est trop écrasée (13ème). Les locaux répliquent ensuite par André (17ème) et Bourigeaud (21ème) mais pêchent à chaque fois dans le dernier geste. Pas pour longtemps. Des Messins acculés en cette première mi-temps vont craquer logiquement. A la suite d’un cafouillage entre Niakhaté et Selimovic dans la surface, Gourcuff se saisit du cuir dans la surface pour délivrer une merveille de centre que reprend Bourigeaud d’un coup de tête imparable (1-0, 27ème). Un avantage bien mérité que Rennes se contentera de conserver jusqu’à la pause, sans grande difficulté.
Et voilà que la métamorphose va opérer. Visiblement touché par l’enjeu crucial, le Stade Rennais oublie de jouer à l’entame de cette seconde période. De son côté, le FC Metz est revenu avec de véritables intentions et son coach a modifié l’équilibre tactique de son équipe. Un remaniement qui va rapidement porter ses fruits : après un une-deux avec Fallou, Dossevi réussit à déborder côté droit et délivre un superbe centre au second poteau que reprend victorieusement Roux, qui se fait mal sur l’action (1-1, 53ème). Dans l’euphorie, les hommes de Frédéric Hantz vont rapidement remuer le couteau dans la plaie. A la faveur d’un contre bien orchestré par le trident offensif grenat, Dossevi, alerté dans son couloir droit délivre à nouveau une offrande au même second poteau ou rugit à nouveau ce diable de Roux (1-2, 57ème). Impensable après un premier acte insipide, les Lorrains ont su renverser la tendance en 5 minutes à peine. Solidaires et appliqués dans le replacement défensif et jouant chaque coup à fond, les Grenats vont réaliser une deuxième mi-temps quasi sans entrave. La détermination de Kawashima face à Khazri (66ème et 77ème) couplée au sauvetage salvateur de Fallou face à Bourigeaud dans le temps additionnel (90ème+2) aura ainsi raison de l’équipe dirigée par le discret mais talentueux Sabri Lamouchi. Une vraie performance.
Les notes des joueurs
Les tops :
Roux (7) : si on ne l’a pas trop vu en première période, l’attaquant excentré s’est une nouvelle fois illustré en inscrivant un doublé salvateur sur ses deux réelles occasions ; cela en fait déjà 14 buts pour celui qui n’avait jamais atteint la barre des 10 auparavant.
Dossevi (7) : celui que l’on pourrait surnommer Monsieur Caviar a une fois de plus distribué deux offrandes depuis son couloir droit, devenant ainsi le deuxième meilleur passeur du championnat (10 passes), rien que ça.
Fallou (7) : le contraste entre sa prestation aujourd’hui et celle face à Lyon est tout bonnement saisissant : initialement replacé au milieu de terrain, il a gratté beaucoup de ballons et a démontré une belle qualité dans le jeu long ; de retour en défense centrale après la pause, il s’est montré intraitable dans les duels, en témoigne ce sauvetage miraculeux face à Khazri en toute fin de rencontre.
Hantz (7) : peu inspiré dans ses choix ces dernières semaines, le technicien lorrain a su cette fois-ci remodeler son équipe après une mi-temps peu convaincante en décalant Niakhaté côté gauche et en reculant Fallou d’un cran. La rentrée de Poblete en début de seconde a également permis à son équipe d’avoir davantage la maîtrise du ballon.
Les flops :
Rivierez (4) : le seul « flop » de la soirée en ce sens où il a eu beaucoup de mal à contrer les ardeurs de Khazri -quasi décisif sur ce débordement en début de rencontre- et Bourigeaud notamment sur son couloir gauche ; a logiquement été remplacé à la pause par Palmieri qui est apparu plus à son aise qu’à l’accoutumée.
L’analyse
Hier soir, aux alentours de 21h50, on a pu entendre résonner des cris aigus de joie sur la pelouse du Roazhon Park lorsque, au coup de sifflet final, les joueurs messins pouvaient enfin exulter d’un succès bien mérité. Pas de points lâchés en route, pour une fois. Ce grand ouf de soulagement, tant attendu par tout un club, jusque-là pénétré par l’indifférence générale et la morosité ambiante. Par une certaine forme d’acceptation d’un désastre annoncé. Que nenni, les joueurs n’ont pas abdiqué. Ils ont dans un premier temps cherché à consolider le bloc équipe avant de retrouver peu à peu des couleurs, pour s’offrir ainsi le scalp d’un Stade Rennais qui flottait pourtant sur une trajectoire incroyable et une série de 8 matchs sans défaite. Metz n’a donc visiblement pas renoncé à cet espoir de maintien. Il était temps. Il est encore temps. Ce sera la première leçon à tirer de cette 33ème journée de L1…
Car non, le FC Metz n’est pas tout à fait condamné. Plus dingue encore, à la faveur de ce premier succès depuis deux mois et demi, il s’est replacé à 4 pts d’une improbable place de barragiste, pour se redonner une dernière chance de survie.
Le maigre espoir qui réside, donne envie d’y croire. Si bien qu’arithmétiquement parlant, il faudra assurément remporter 3 ou 4 des 5 derniers matchs pour s’extirper des deux places synonymes de relégation directe. De plus, le calendrier mosellan apparaît clairement moins périlleux que celui de ses concurrents (Caen, Lille, Angers, Amiens, Bordeaux au programme) sans compter les mésaventures et les dynamiques descendantes de Lille et Troyes qu’il y a lieu de prendre en ligne de considération. Le déplacement du côté de Lille lors de l’avant-dernière journée pourrait bien sentir à la fois le soufre et l’encens. Et si le rêve était encore permis ?
M.D
Crédit photo : D.R