Avec l’ouverture du mercato estival, il nous a paru intéressant de dresser le bilan des derniers marchés. Bon nombre d’entre nous critiquons -à plus ou moins juste raison- le choix des différentes recrues signées par Philippe Gaillot. Force est de constater que le Directeur Général du FC Metz ne peut pas se voir accusé de tous les torts concernant le recrutement…
Les limites du recrutement de trentenaires en Ligue 1
En 2016, nous avons tous loué son flair pour les arrivées de Erding, Diabaté, Bisevac, Fallou, Assou-Ekotto, Jouffre car sur le papier, ça avait de la gueule tout de même. Finies les arrivées exotiques. Enfin, le club signait des garçons expérimentés aux joutes de la Ligue 1 (et ce, en dépit des infrastructures qui étaient déjà autant vétustes, soit dit en passant). Nous étions à ce moment surpris par les signatures de Falette, voire Kawashima qui nous ont rapidement fait revenir sur notre scepticisme.
Malheureusement pour Philippe Gaillot, la défense messine a encaissé 145 buts en l’espace de deux saisons ; la faute à Philippe Gaillot ? L’éclosion de Sarr et l’arrivée du grand Cheick Diabaté avaient pallié sur le fil à ces problèmes de défense, permettant ainsi aux hommes de Philippe Hinschberger de se maintenir dans l’Elite. L’été a ensuite vu son lot de départs. Bernard Serin a décidé -et c’était prévisible- de céder une bonne partie des cadres de l’équipe maintenue en conservant malheureusement certains « tauliers » qui avaient déjà montré des signes de faiblesse pour des raisons diverses et variées (blessures, méformes, motivation…). Est-ce que ces ventes ont été souhaitées par Philippe Gaillot ? Pas sûr. Quel Directeur Général, ancien footballeur, souhaiterait affaiblir son équipe qui a peiné à garder sa place en L1 ?
La première erreur qui a été faite par le FC Metz et Philippe Gaillot, c’est de conserver Bisevac à l’issue de sa première saison tout en cédant Falette -en pleine progression- à Francfort. Un défenseur avec un tel CV n’a pas été à la hauteur de son salaire. C’est le chef d’une défense qui a figuré comme la pire d’Europe. Quand des millions sont en jeu, la réactivité est primordiale. Philippe Gaillot aurait dû -bien avant la fin du précédent exercice- chercher un cadre digne de ce nom pour guider sa défense et, à la vue de ses émoluments, le club avait des éléments de persuasion non négligeables pour le remplacer.
Idem pour Jouffre qui a été trahi par son corps, à un âge avancé. Les risques étant trop importants, M. Gaillot ne devrait pas jouer la carte de la pitié et cesser de faire du social. Erding, quant à lui, a réalisé un bon début de saison avant de s’éteindre, le fait de ne pas l’acheter apparaissait plutôt logique. Pour Diabaté, c’est différent en ce sens où le salaire demandé aurait créé des tensions dans le vestiaire à cause de l’écart salarial que cela aurait engendré.
D’où l’importance d’un recrutement anticipé et bien ciblé
Pour le second exercice, qui a vu la relégation du FC Metz, Roux est le meilleur buteur depuis Baticle à porter le maillot Grenat. Avec son compère Dossevi, il ne s’agit ni plus ni moins que du 3ème duo d’attaque le plus efficace en Europe. Depuis Ribéry, on n’avait pas eu un tel passeur à Saint-Symphorien. Et que dire de Niakhaté, l’une des grandes révélations en Ligue 1 à son poste. Son arrivée devait initialement pallier aux absences de Falette et Bisevac par intermittence et non pas au départ de Falette. Sur ce point, Philippe Gaillot aurait dû être plus ferme avec son président en insistant sur la nécessité de conserver l’ancien joueur de Valenciennes pour se maintenir, en revanche il faut avouer qu’il ne s’est pas trompé sur l’international espoir Moussa Niakhaté qui a dépassé les espérances que nous pouvions avoir . Avec plus de fermeté, nous n’aurions pas vu débarquer un joueur malade du nom de Wollscheid. Car en effet, si les médecins du club avaient fait leur travail à fond -en demandant le passeport médical du joueur- ils auraient certainement remarqué des signaux inquiétants et ainsi demandé des examens approfondis.
Revenons-en à la problématique de base : est-ce la faute de Philippe Gaillot si nos médecins sont présents à mi-temps, chacun se relayant d’une semaine à l’autre ? L’arrivée de Fernández, c’est en l’occurrence le président du FC Metz qui a missionné un agent pour lui trouver un attaquant en Argentine. Pour ainsi dire, même Philippe Hinschberger n’était pas informé de son arrivée… Qu’à y voir Philippe Gaillot dans cette histoire ? Pour Milicevic, Bernard Serin qui regarde le championnat belge a demandé à Philippe Gaillot de gérer le dossier. Va-t-on reprocher à un employé d’obéir à son patron ? L’interrogation se porte davantage sur le retour de Mandjeck. Quel intérêt de faire revenir un joueur vendu 6 mois plus tôt ? En ce qui concerne Palmieri et Boulaya, ce sont tous deux des choix de Frédéric Hantz. Il ne faut pas l’oublier. D’ailleurs, la plupart d’entre nous étions ravis de l’arrivée du Corse : n’ayons pas la mémoire courte. Pour Cafú, la logique est quelque peu différente. Son recrutement reste une énigme : sachant qu’il venait d’être relégué avec Lorient, il fallait se douter qu’en cas de mauvais départ chez nous, sa tête pouvait lâcher à tout moment. D’autant plus qu’il n’est pas aisé pour un joueur d’enchaîner dans les spirales négatives. Cela, couplé à son incompatibilité d’humeur avec l’ancien coach de Bastia, il ne sera resté que 6 mois finalement.
Après le transfert de Philipps, la majorité des supporters avait sabré le champagne et aurait donc pris la même décision que la maison grenat. Pour Poblete, il faut reconnaître pour le moment que M. Gaillot doit rester sur sa faim avec lui. Il s’est pourtant régulièrement trimballer des aller/retour en Argentine pour le voir jouer. Cantonné à un statut de joueur de rotation, on espère de tout cœur que le prochain entraîneur réussira à exploiter son potentiel sinon il faudra vraiment songer à oublier l’Argentine. Pour Niane, on comprendra plus facilement l’échec à court terme. L’attaquant sénégalais ne s’attendait clairement pas au départ de son compère Sarr avec qui, depuis Génération Foot à Dakar, il formait un duo très performant. Olivier Perrin n’a eu de cesse de le répéter dans la presse : Niane est un très bon attaquant, longtemps courtisé de près par d’autres clubs chez qui il aurait pu signer sans le partenariat avec l’Académie. Malheureusement, Frédéric Hantz et Philippe Hinschberger ont préféré miser sur le pari Rivière, qui n’avait rien montré depuis deux saisons à cause de blessure récurrentes. Malgré ses 6 buts et sa débauche d’énergie, son rendement a été en dessous de ce que nous pouvions espérer.
Une responsabilité partagée dans le fiasco
En fin de compte, Philippe Gaillot a sa part de responsabilité sur certains joueurs comme Poblete, Wollscheid, Cafú, Bisevac et Jouffre. Ce qui est d’ailleurs le cas pour beaucoup de clubs du calibre du FC Metz. Son bilan au niveau du recrutement est assurément équilibré. Malheureusement pour lui, ses manques ont figuré à des postes « clé » : notamment en défense centrale et au milieu de terrain. Il a omis ce que répétait inlassablement Aimé Jacquet : « avant d’attaquer, il faut déjà savoir bien défendre. » En se remémorant ces bonnes paroles, il aurait pu rattraper le coup cet hiver et, qui sait, le FC Metz évoluerait en Ligue 1 Conforama la saison prochaine.
La responsabilité principale de l’échec cuisant de cette saison en revient au président Bernard Serin. Lui qui a toujours autant de mal à s’entourer, préférant décider du recrutement, des entraîneurs, des cessions de joueurs, des contrats, des clauses et des salaires proposés. Sans omettre Philippe Hinschberger pour son entame de championnat catastrophique, ainsi que pour sa part de responsabilité dans le dossier Bozok qui n’est pas négligeable (NDLR : l’attaquant Bozok a explosé sous les couleurs de Nîmes cette saison alors que personne ne croyait en lui à Metz). N’oublions pas Sébastien Muet et Frédéric Hantz. Le premier cité pour ne pas avoir su faire éclore de jeunes pousses du centre de formation -au contraire de l’école de foot au Sénégal- et le second pour avoir échoué dans sa mission commando pour relever l’équipe première.
Comme chaque année, un recrutement sans trop dépenser ?
Le début de ce Mercato confirme la politique des dirigeants messins , recruter en priorité des joueurs libres (Gakpa, Oukidja ), céder les meilleurs éléments (Didillon, Niakhaté ? Dossevi ? Balliu ?, Mollet ? ) pour remplir les caisses afin de financer le nouveau centre d’entraînement, la nouvelle tribune. Certes sur le papier, comme en banque c’est beau, en revanche sur le rectangle vert ça l’est beaucoup moins, pour preuve les résultats sportifs de la dernière décennie qui ne plaident pas en faveur de la stratégie du président Bernard Serin, les dirigeants ont été incapables de pérenniser le club, allant même jusqu’à descendre en National, sans la génération dorée du centre de formation, le FC Metz n’aurait certainement jamais retrouvé l’élite du foot français. La maison Grenat s’est transformée avec la nouvelle direction en un banal club de L2 qui s’autorise quelques incursions en Ligue 1. Espérons que ce marché estival ainsi que l’avenir nous donne tort, car pour le moment le seul signe positif reste l’arrivée de Frederic Antonetti.
Crédit photo : FC Metz, D.R