[Après-match : RC Strasbourg – FC Metz] Un derby sous tension

En ce weekend de Pâques, Alsaciens et Mosellans ont livré un très spectaculaire derby (2-2) marqué par de nombreux faits de jeu sur le terrain et en dehors…

 

La composition

 

Dimanche 1er avril : c’est le jour du derby du Grand Est, si on peut le qualifier de la sorte, -le seul, l’unique, le vrai étant celui de la Lorraine- avec la récente refonte du territoire français. Un match à enjeu pour les promus ; une simple chasse à l’œuf pour les Grenats ? Certes les Messins n’ont plus grand-chose à espérer si ce n’est entrainer avec eux leur adversaire du jour vers la chute. Les Strasbourgeois, quant à eux, traversent une panne sportive assez inquiétante, amorcée depuis la fin de la phase aller et un certain déplacement chaotique à… St-Symphorien (3-0). Deux équipes qui n’ont goûté au succès depuis respectivement six et sept rencontres. Autant dire que les hostilités s’annoncent particulièrement sulfureuses sur le terrain. Pour contrarier le collectif alsacien, Frédéric Hantz peut compter sur le retour de Dossevi, son meilleur passeur. Il doit en revanche œuvrer sans arrière gauche de métier avec les blessures de Udol, Assou-Ekotto et la suspension de Palmieri. Sachant que Jouffre et Jallow sont toujours indisponibles et que Bisevac et Nguette n’ont pas été retenus. Dans le 4-2-3-1 habituel, Rivierez coulisse ainsi dans le couloir gauche de la défense tandis que Selimovic est préféré à Fallou dans l’axe central. Au milieu et devant, un seul changement notoire par rapport aux dernières semaines : Mollet retrouve sa place en position de meneur de jeu, au détriment de Milicevic.

 

Le film du match

 

La Meinau, qui n’a plus accueilli le voisin lorrain en L1 depuis plus de dix ans (08 mars 2008, Strasbourg 2-3 Metz), est pleine à craquer pour ce choc. Sur le terrain, les locaux s’imprègnent d’entrée de jeu de cette ambiance chaleureuse pour impulser le rythme de ce début de rencontre. Les Messins, acculés dans leurs derniers retranchements, se contentent de jouer bas alors que les Strasbourgeois maîtrisent le cuir sans pour autant se créer de franches situations. La qualité de jeu n’est pas véritablement au rendez-vous. Alors que les Alsaciens se cassent les dents à tenter de produire du jeu en variant les attaques placées, les visiteurs procèdent en contre et seuls les coups de pied arrêtés permettent aux hommes de Frédéric Hantz d’insuffler le danger dans le camp adverse. Une erreur individuelle va pourtant faire pencher la balance : suite à une longue ouverture dans le dos de Selimovic, Blayac se présente seul face à Kawashima qui parvient à dévier la tentative mais Bahoken, qui traînait par-là, a le dernier mot et conclut de près (1-0, 18ème). A peine remis de cette mésaventure, les Grenats vont réagir suite à un coup franc bien enroulé par Mollet côté droit : après un cafouillage dans la surface, l’arbitre accorde un penalty pour Metz alors que c’est Niakhaté, le défenseur messin qui a touché le ballon de la main ; Rivière se charge de la sentence et fusille Oukidja dans le vacarme général (1-1, 23ème). Ce fait de jeu va complètement inhiber les Alsaciens. Du côté messin, le trio offensif commence à se trouver et pendant plus de vingt minutes, Metz prend l’ascendant sans pour autant se montrer dangereux dans les trente derniers mètres.

A peine le jeu reparti en deuxième mi-temps que les Grenats repartent à l’assaut : Dossevi déborde côté droit et parvient à enchaîner avec un centre impeccable que reprend Mollet d’une superbe volée pied gauche sous la barre de Oukidja, Metz prend logiquement l’avantage (1-2, 47ème). Au cours de ce second acte ni Corgnet (56ème), ni Blayac (62ème) ne parviendront à tromper la vigilance du très solide Kawashima. Strasbourg qui va même se retrouver à dix suite à la semelle de N’Dour -qui a réalisé toute sa formation au sein du club grenat- sur Dossevi. Le scénario de la rencontre semble enfin pencher en la faveur du FC Metz. A onze contre dix, le coach lorrain décide cependant de remplacer Mollet, son meneur de jeu, par Mandjeck, un milieu défensif. Un coaching qui va se faire ressentir sur le jeu de l’équipe. Car peu à peu, les Messins vont perdre le fil d’un match qu’ils avaient pourtant bien géré jusque-là. L’ambiance qui s’est largement dégradée sur le terrain, en témoigne cette pluie de cartons distribués par M. Buquet pour les deux équipes. Le climat tendu aboutit à une nouvelle expulsion d’un joueur : cette fois-ci, c’est Selimovic, le jeune central messin qui, répondant à une provocation de Bahoken, écope d’un second carton jaune synonyme de carton rouge. Les Lorrains réduits à dix, ce sont désormais les locaux qui poussent pour recoller au score. Suite à un centre en retrait de Corgnet, Liénard parvient à remiser de la tête vers Seka qui allume un véritable missile dans la surface de réparation sur lequel Kawashima doit s’incliner (2-2, 80ème). Une fois de plus, le FC Metz a craqué à l’entame du dernier quart d’heure. Peu avant de regagner les vestiaires, les Strasbourgeois passent tout proche d’une victoire in-extremis suite à un cafouillage dans les rangs messins mais Kawashima parvient à s’interposer devant Terrier (90ème). Sur un dernier contre, Dossevi côté droit alerte Niané, fraîchement entré sur la pelouse, qui manque la balle de match malgré une tentative bien cadrée (90ème+4). Au final, Lorrains et Alsaciens se quittent en « bons amis » sur un résultat nul plutôt logique au regard de la physionomie de la partie. Malgré la rivalité entre les deux clubs, l’image sympathique de l’accolade entre Hantz et Laurey conclut les hostilités sur une note positive.

 

Les notes des joueurs

 

Les tops :

Mollet (6) : auteur du coup franc qui amène le penalty en première mi-temps et buteur en seconde, le meneur messin était le plus à l’aise techniquement sur le terrain.
Kawashima (6) : déjà décisif face à Blayac à bout portant, le portier messin s’est parfaitement interposé devant Terrier dans les arrêts de jeu, assurant au moins une unité pour son équipe.
Dossevi (6) : une entame difficile à l’image de son équipe, l’ailier droit togolais a ensuite démontré l’étendue de sa panoplie (percussion, débordement, centre), en témoigne ce superbe caviar adressé à Mollet sur le deuxième but ou encore cette chevauchée fantastique en fin de rencontre qui aurait mérité meilleur sort.

 

Les flops :

Selimovic (0) : décidément, ce poste de défenseur axial droit aura constitué un véritable fléau à Metz cette saison, avec simultanément les défaillances de Bisevac, Fallou et…Selimovic, qui démontre match après match toutes ses lacunes à ce poste, liées en grande partie à l’inexpérience. Le fait d’évoluer à l’étage du dessous la saison prochaine devrait lui permettre de prendre ses marques dans un contexte moins pesant.
Niakhaté (4) : le néo espoir français a commis beaucoup d’erreurs, notamment dans la relance, il faut dire qu’il n’est pas évident d’assumer à chaque fois un rôle de leader face aux manquements de ses partenaires.
Balliu (4) : à l’image de ses dernières sorties, le latéral droit n’a pas suffisamment apporté à son équipe, que ce soit à droite ou à gauche après l’expulsion de Selimovic ; son avenir ne s’inscrit de toute évidence plus vraiment sur les bords de la Moselle.

 

L’analyse

 

Le scénario de ce Strasbourg-Metz aura été véritablement confus. A l’image de sa saison décousue, le FC Metz a alterné le bon et le très mauvais. Toujours cette incapacité à être constant et à réaliser les efforts tout au long d’une rencontre. Toujours cette physionomie illisible et quelque part incohérente. Toujours ce brin de réussite, en perpétuelle fuite une fois la partie commencée. Pour une fois, les éléments semblaient pourtant être avec les hommes en grenat. Les étoiles commençaient à s’aligner lorsque, forts d’une avance au tableau d’affichage et malgré un abattement certain dans les rangs adverses, les Grenats ont trouvé le moyen de tout gâcher en cédant à la peur et à l’enjeu.

Un problème qui réside intrinsèquement dans le mental des joueurs, que l’on pourra justifier par la faiblesse incroyable du collectif. Comment est-il possible de lâcher un résultat lorsque l’on détient l’avantage, que l’on évolue en supériorité numérique sur le terrain, d’autant plus quand l’arbitre a eu la maladresse d’accorder un penalty absolument imaginaire en notre faveur à un moment crucial. Mais voilà, une équipe aussi fragile que ce FC Metz-là ne saurait saisir l’aubaine pour achever l’ennemi. Bien au contraire, c’en devient presque un argument pour produire moins d’efforts et attendre bêtement l’adversaire.

Sauf qu’à force de reculer et de subir, les Strasbourgeois sont parvenus à rattraper le lapin et à lui chiper deux jolis œufs qu’il pensait pouvoir emporter sereinement avec lui jusqu’à l’arrivée. A la fin, en tout cas, Metz n’a su préserver qu’un seul œuf. Au moins, la chasse n’a pas été vaine, non ?

 

M.D

P