[Bilan de fin de saison : FC Metz – FC Girondins Bordeaux] Metz fait ses adieux à la L1

Les Messins qui avaient la tête ailleurs ont été facilement dominés par des Bordelais encore concernés par un enjeu européen (0-4). Cette année de calvaire s’est donc achevée dans l’anonymat le plus total. Retour sur ce naufrage orchestré à tous les échelons

Bilan individuel de la saison :

Les tops :

Niakhaté (8) : lorsqu’il a été recruté à l’été 2017, c’était à la base pour jouer un rôle d’appoint dans l’équipe professionnelle ; mais il n’en a rien été, le néo-international espoir français s’est mué comme un véritable leader technique sur le terrain du haut de ses 21 ans et ainsi empêcher à plusieurs reprises son équipe de couler suite aux absences de joueurs cadres. Un véritable exploit, tant les joueurs qui l’ont épaulé cette saison en défense ont été à la ramasse.
Dossevi (7) : arrivé dans les dernières heures du mercato en provenance du Standard de Liège, on se souviendra longtemps de ses nombreux débordements sur son flanc droit ponctués de ces 12 passes décisives ; sa capacité à mettre en valeur ses partenaires va beaucoup manquer au club à la Croix de Lorraine l’an prochain.
Roux (7) : l’une des toutes premières recrues estivales s’est rapidement révélée être un pari gagnant ; du haut de ses 15 réalisations, il a brillé par sa capacité à être décisif dans des moments charnière tout en adoptant une attitude irréprochable loin du rectangle vert. Malheureusement, une clause de relégation dans son contrat le libère de ses deux dernières années de contrat et Metz ne touchera aucune indemnité de transfert…
Cohade (6) : leader exemplaire à la fois sur et en dehors du terrain, l’homme détenteur du brassard de capitaine s’est présenté comme un meneur d’hommes en plus d’avoir été l’un des plus réguliers dans la performance cette saison ; en espérant pouvoir compter sur son expérience à l’étage inférieur.

Les flops :

Bisevac, Assou-Ekotto et Jouffre (1) : ces trois joueurs expérimentés -supposés être des leaders de vestiaire et de terrain- n’ont représenté que 30 titularisations en tout et pour tout ; entre les blessures réelles, diplomatiques, les refus de jouer, on aura décidément eu droit à un beau fiasco au sein du vestiaire. Certes, les deux derniers cités ont eu affaire à une cascade de pépins physiques qui peut expliquer en partie leur saison quasi blanche.
Palmieri (2) : arrivé dans les bagages de Frédéric Hantz -qui vendait alors son joueur comme « un guerrier » – il a davantage pénalisé son équipe par ses frasques récurrentes lorsqu’il était sur le terrain qu’autre chose. Bon vent à lui.
Balliu (2) : il a été l’un des principaux artisans du maintien de l’année précédente mais il a vécu cette saison de façon extrêmement pénible : d’abord cantonné à un rôle de remplaçant, il a ensuite regagné sa place sans pour autant retrouver le niveau de sa dernière saison. Le latéral droit dispose d’un bon de sortie pour ces 3 ans de bons et loyaux services.

Bilan collectif de la saison :

A l’issue d’un dernier tour de piste aussi pénible qu’usant pour tous, les Grenats ont donc quitté l’Elite par la petite porte. Arrive le moment d’évoquer l’avenir, à l’aube d’un grand chamboulement qui s’annonce à la vue des nombreux chantiers sportif et extra-sportif auxquels le club va devoir être confronté. Une intersaison qui promet du changement à tous les étages puisque à la fois l’effectif professionnel du FC Metz et sa réserve sont concernés par une relégation sportive. Ce reclassement historique -la réserve évoluera en DH l’an prochain- impliquera notamment l’impossibilité pour l’équipe première de fournir certains de ses éléments pour alimenter l’équipe B. Une reconstruction à bâtir depuis la base même de la formation du club. Il faudra assurément repenser beaucoup de choses en interne pour insuffler une nouvelle dynamique dans un contexte éminemment incertain.

D’incertitudes, il y a tout d’abord celle inhérente à l’identité du coach qui reprendra l’équipe en L2 l’an prochain. Le président Serin et son désormais ex-technicien Frédéric Hantz ont ainsi mis un terme prématuré à leur collaboration. Semble-t-il que les conditions exigées par le natif de Rodez pour restructurer le club à la Croix de Lorraine allaient à l’encontre du projet tel qu’imaginé par M. Serin, lequel pourrait ainsi privilégier une solution interne avec une éventuelle promotion de Sylvain Marchal.

Un choix qui fait l’objet de nombreuses polémiques auprès des parties prenantes du FC Metz depuis l’officialisation de la non reconduction de coach Hantz pour la saison 2018/2019. Et qui a lieu de surprendre forcément, puisque ce dernier aurait visiblement accepté la mission dans un championnat qu’il n’a pourtant que très rarement goûté par le passé, lui qui a œuvré principalement dans l’Elite (Le Mans, Sochaux, Bastia, Montpellier notamment) au cours de sa longue carrière.

L’état-major du club a donc opté pour la continuité dans la médiocrité et la gestion « à l’ancienne », et on peut supposer que les deux bras droits du président, à savoir Hélène Schrub et surtout Philippe Gaillot ont dû influencer la décision finale. Ce qui est certain, c’est que Frédéric Hantz n’a pas mis toutes les chances de son côté pour garder son poste. Sa récente sortie médiatique a tout de même été assez virulente, d’autant plus qu’elle ne semble guère avoir été coordonnée avec la direction.

Au final, d’un point de vue sportif, il en aura recelé un nombre incalculable d’échecs cuisants cette saison : entre le mercato d’été raté car trop tardif ; le mercato d’hiver mal ciblé ; la greffe Hantz vouée à l’échec après l’éviction d’Hinschberger à un moment inopportun où l’équipe était déjà sous respiration artificielle ; la défaillance chronique des cadres du vestiaire qui ont tour à tour manqué à leurs obligations professionnelles avec des maladies plus ou moins diplomatiques et des attitudes purement scandaleuses pour certains -car il faut employer les termes adéquats- ; et la relégation, pour couronner le tout.

Une année de cauchemars vécue à tous les niveaux. Soulignons tout de même l’attitude exemplaire des supporters depuis le début. Ces nombreux fidèles qui, par-delà les vents contraires et un éternel manque de considération porté à leur égard, ont répondu et répondront encore présent pour soutenir leur club fétiche. Une vraie preuve d’amour pour ce club qu’il faut saluer haut la main. Et honnêtement, cet attachement est extraordinaire étant donné l’accumulation constante de choix de direction allant définitivement en la défaveur des supporters : l’inflation du prix du billet et de l’abonnement, l’absence de tarifs préférentiels, l’inexistence ne serait-ce que d’une ébauche de sensibilité marketing, une politique de communication désastreuse… Et l’on pourrait continuer longtemps la liste comme ça.

En outre, peut-on imaginer une seule seconde qu’un tel cirque se produise dans les mêmes proportions au sein d’un quelconque autre club qui se veut professionnel ? Qui plus est, sur la base d’une saison entière ? Si tel avait été le cas à Nantes ou à Montpellier, il y aurait eu infiniment plus de dommages collatéraux à déplorer, à n’en pas douter. M. Serin pourra donc se congratuler d’être parvenu à anesthésier de façon progressive le public de St-Symphorien, et ainsi éviter un surplus dans les dépenses liées à la sécurité. Un stade qui aura sonné creux toute la saison puisque les Ultras n’ont plus droit de cité dans leurs zones préférentielles. M. Serin doit maintenant jouir intérieurement d’avoir pu retrouver le calme dans son antre. Mais à quel prix ?

Une faillite de tout un club sur tous les plans, donc. Nul doute que le staff technique qui se verra confier les rênes de l’équipe devra se retrousser rapidement les manches pour faire éviter au FC Metz de retomber dans les heures les plus sombres de son histoire. Un passé qui n’est pas si lointain, faut-il le rappeler…

M.D

Crédit photo : FC Metz 

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