Mercredi 23 mars 2016 • 

Tranquillement installé sur la terrasse du Café de Flore en feuilletant un Lagerlöf, j’aperçois au loin la silhouette affûtée d’un homme pressé, coiffé au millimètre et d’une politesse désarmante vis-à-vis du voiturier. “Il a intérêt à ne pas me la rayer”. Denis se pose à ma droite, sans autre mot. Il commande un quart Perrier et me balance qu’il n’a pas vraiment le temps pour mes conneries. “Je te donnes dix minutes, je suis attendu à Neuilly“.

Bien entendu tout cela est fictif, et si vous y avez cru c’est que vous ne connaissez pas encore bien Denis Balbir.

Le premier contact que j’ai eu avec lui il y a deux ans sur le plateau d’une émission du câble présentée par Alexandre Delpérier, m’avait confirmé mon premier ressenti. Bienveillant, simple et généreux. Alors à la demande d’une petite interview, je ne fus pas surpris par sa réponse : “Sans problème Jérémy, avec plaisir !”
Bon, pour être honnête, ce mercredi-là, j’étais au fond de ma couette en train de mater le cinquième épisode de Making a murderer (que je vous conseille vivement), quand le téléphone afficha son nom.

Je lui ai souhaité un bon anniversaire et on a évité de parler de Bruxelles.

Salut Denis, ça fait plaisir de vous avoir au téléphone. Je ne sais pas si vous vous en souvenez mais sur le plateau de Sport365 il y a un an et demi je vous avais dit que je misais gros sur le maintien du FC Metz en L1 et plus précisément sur une 13ème place. Depuis, et après avoir tout perdu au Loto Foot, je suis un peu comme le parieur de Leicester mais en version looser.
Vous n’avez pas cette impression que pour Metz la ligue 1 est un poil trop grand et la ligue 2 un poil trop petite ?
C’est le problème des clubs qui ont trop longtemps végété. Après, même si le niveau de la Ligue 1 baisse en valeur, il est difficile pour ce genre de club financièrement juste de se maintenir, on le voit bien avec Troyes cette année, c’est assez pénible. C’est compliqué pour Metz comme pour d’autres clubs légendaires, je pense à Lens ou Strasbourg, les divisons inférieures semblent assez étriquées.

Tout le monde le sait maintenant, vous vivez à Metz depuis des années et vous portez un bel intérêt pour le monde grenat. Mais quels sont vos contacts avec le club ? Le 20 janvier dans le Wort Luxembourg après l’arrivée de Christian Bekamenga vous annonciez le renfort d’un autre attaquant en prêt. Perso j’ai arrêté d’attendre.
J’étais proche de la génération que j’ai commentée, celle de Gaillot, Kastendeuch, Joël Muller et Carlo Molinari, mais aujourd’hui même si j’ai beaucoup de respect pour l’actuel président et Philippe Hinschberger, qui fait partie comme Albert Cartier des anciens que j’ai pu côtoyer de près, mes rapports sont cordiaux quand je me rends au stade, pas plus.  Il n’y a pas de lien hors terrain.

“IL VA FALLOIR RÉAGIR EN GRAND CLUB, EN GRANDE ÉQUIPE”

Le limogeage d’Albert Cartier en fin de saison dernière pour l’intronisation de José Riga puis son remplacement à la trêve par Philippe Hinschberger (Albert Cartier bis), dans le prêt-à-porter on appelle ça une veste réversible, dans le monde automobile une marche arrière, et dans celui du foot ?
Une erreur. Jose Riga est une erreur de casting comme il peut en arriver dans tous les clubs. On nous avait vendu un jeu différent, très offensif et on s’est vite aperçu que les compositions d’équipe étaient très contradictoires. Je me souviens notamment du derby où l’on balance dans le grand bain des joueurs qui revenaient tout juste de blessure. Ça fait partie des nombreux choix bizarres qui ont dû pousser la direction à changer de plan.

C’est beau quand Denis il craque son slip

Après le match poussif face au Paris FC (1-2) Quelles sont les chances du FC Metz pour retrouver l’élite ? 
Elles sont mathématiques. Après pour le match poussif je vous trouve un peu sévère parce qu’au final il y a trois points pris à l’extérieur, même si après dans la qualité ça reste discutable. Mais on peut retenir aussi les bonnes choses, comme le match face à Ajaccio, où Metz gagne à 10 contre 11 avec une fin de partie assez folle. Je préfère penser que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Ça va être difficile, bien sûr, il va falloir gérer la pression, réagir en grand club, en grande équipe.

Mais avoir les pires difficultés face à une équipe de city stade et s’en sortir grâce aux coups de pied arrêtés c’est alarmant quand même …
Ah mais vous savez les coups de pied arrêtés font partie du jeu. Si Metz accède à la Ligue 1 grâce à un coup franc, on ne va pas cracher dessus.

Quoi qu’il arrive à la fin de saison, le club aura affaire à un énième chantier. Faut-il pour autant à nouveau faire confiance à un recrutement portugais ?  Ça casse pas des briques …
Je pense que vous avez raison. C’est vrai que c’est assez curieux ce qui s’est passé. Autant de joueurs qui viennent comme ça en masse.. C’est embêtant car ça accumule des charges, pour ne pas avoir de résultat sportif totalement détonnant, c’est le moins que l’on puisse dire. Donc c’est vrai qu’il y aura un écrémage à faire mais qui va forcément coûter un peu d’argent. Les erreurs on les paye toujours, c’est dommage, c’est un cercle vicieux. On va dépenser pour rattraper les fautes au lieu de dépenser pour reconstruire. Mais je pense que le club peut et doit y arriver. Tout dépendra d’une montée ou non. Stagner en Ligue 2, qui est un championnat rugueux, peu agréable et en baisse constante, n’est pas une bonne chose.

Benjamin Biolay a récemment écrit et composé l’hymne officiel de son club de coeur l’Olympique Lyonnais. Votre fille la chanteuse Alka Balbir, pour qui le chanteur lyonnais a justement composé l’album, pourrait en faire de même pour le FC Metz non ? Je prends dix pour-cent pour l’idée.
(rires) On peut essayer oui, pourquoi pas.

En juin prochain pour l’Euro en France, M6 diffusera 11 matchs de la compétition qui seront commentés par Jean-Marc Ferreri et vous-même. Vous auriez un prono en stock ? Un tuyau ? Il faut que je me refasse.
Un tuyau non, mais des souhaits oui. On espère voir de beaux matchs, et que la France aille le plus loin possible. Avec les talents qu’elle à sa disposition, les jeunes joueurs motivés, une assise au milieu de terrain, après peut-être que défensivement c’est un peu moins bon mais cette équipe peut au moins viser les demi-finales. Pour le reste, l’Italie reste une interrogation, la Belgique une équipe avec pas mal de très bons joueurs, il y a évidemment l’Allemagne, l’Espagne, et pour moi l’Angleterre qui peut être un sérieux outsider. Ça fait beaucoup d’équipe ciblées, ça sera un Euro assez équilibré, assez ouvert.

Alka Balbir pour le plaisir (Herbert Léonard n’a rien à voir là dedans)

Perso, comme surprise de la compétition, je mise sur l’Autriche…
Ah ouais, … ouais…

Pour finir, curiosité personnelle, dans l’affaire du “singe hurleur” vous aviez gagné votre procès en appel face aux Cahiers du Foot. Vous avez fait quoi avec l’argent ? Vous êtes parti en vacances et vous avez envoyé une carte postale à l’auteur ?
Oh là, je ne m’en souviens plus, ça remonte maintenant, plus de dix ans je crois. J’ai dû payer les factures qui étaient en souffrance. C’était pas non plus 50 000 euros, mais c’est une somme que je suis content d’avoir gagnée parce que j’estime avoir été insulté sous couvert d’un soi-disant humour. Il y a des limites à ne pas franchir et je n’ai aucun remords par rapport à ça.

* – Retrouvez Denis Balbir le 07 avril sur W9 aux commandes du quart de finale entre le Borussia Dortmund et Liverpool

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