Depuis quelques matchs, Frédéric Antonetti semble avoir abandonné son traditionnel système en 5-3-2 pour un retour au plus classique 4-3-3. Si le système, déjà utilisé sous Vincent Hognon, est connu des suiveurs messins, c’en est une version bien différente qui est présentée par le technicien corse.
Analyse.
Après avoir fait les beaux jours du Fc Metz version 2020-2021, il fallait se rendre à l’évidence : le 5-3-2 était devenu obsolète. Sans son maestro Farid Boulaya, pièce maîtresse du système et clé de
l’animation offensive, l’équipe devenait alors bien terne et manquait de liant entre le milieu de
terrain et l’attaque. Bien que les difficultés étaient visibles depuis la fin de saison dernière, et ont
persisté dès la seconde journée de championnat, Frédéric Antonetti a patienté jusqu’à la 7 ème
journée avant de modifier son système. En effet, il a quelques peu surpris son monde en alignant
d’entrée un 4-3-3 face au Paris Saint-Germain, pourtant leader incontesté du championnat. C’est
avec ce système, qu’il reconduit pour les deux rencontres suivantes (et deux dernières en date du Fc
Metz) que le club et les joueurs lorrains ont obtenu leur premier succès de la saison et fait vaciller le
PSG, mais est-ce un véritable changement ?
En premier lieu, si ce schéma s’est imposé, c’est plus par constat d’échec que par inspiration géniale
du coach. Offensivement, l’équipe patauge et ne parvient pas non plus à retrouver son assise
défensive après le départ de son capitaine John Boye. L’impact du pompier Matthieu Udol est plus
proche du feu de forêt australien que de la consumation du brasier de la défense centrale, et priver
le milieu de terrain d’un vrai n°10 annihile la création offensive. Avec 3 milieux de terrains et 2
pistons sur la même ligne, les joueurs se marchent dessus et les espaces s’amenuisent pour des
joueurs comme Sarr, Delaine, ou Centonze qui se régalent habituellement dans les intervalles. En
bref, les maux sont profonds et le changement devient nécessaire.
D’autant plus que l’équipe n’a engrangé que 3 points en 7 matchs, et vient de concéder une très humiliante défaite dans le derby du Grand-Est (3-0 à Strasbourg). Le 4-3-3 s’impose alors naturellement. Système chéri de Vincent Hognon, prédécesseur et ex-adjoint de Frédéric Antonetti -mais surtout fils spirituel de Pep Guardiola- qui l’a décliné dans une forme hybride pas loin d’être une création personnelle et qui a attiré l’œil des médias nationaux. A l’époque, c’est pour mettre Adama Traoré dans les meilleurs conditions, tout en gardant 3 milieux centraux, que Pep Hognon fait le deuil de son aile droite et laisse volontiers son système pencher à gauche. C’est aujourd’hui pour faire la part belle à Nicolas de Préville et/ou Farid Boulaya (et un certain Amine Bassi, vous connaissez ? Non ? Le coach non plus, rassurez-vous) que Frédéric Antonetti revient à ce 4-3-3 hybride qui sacrifie cette fois son aile gauche, et penche à droite. C’est ainsi un choix fort que fait le coach messin : pour avoir un n°10, il préfère préserver son trident Sarr-Pajot-Maiga au milieu de terrain plutôt que sa défense à 3 centraux.
Une fois installée et mise en place en match, cette défense à 4 ressemble plus à une publicité
mensongère qu’à un nouveau départ. Face aux formations d’un niveau abordable (Angers et Brest jusqu’ici), et lorsque l’équipe n’a pas à tenir le score, les hommes d’Antonetti se replacent en 5-3-2
en phase défensive en attaque placée. Les difficultés en attaque restent alors les même
qu’auparavant : en dehors des contre-attaques, les Grenats ont énormément de mal à créer des
différences. D’autant plus qu’avec le placement très bas de Gueye, ces derniers ne bénéficient plus
d’un de leurs meilleurs atouts sur ce début de saison avec la vitesse de l’ailier sénégalais. Car avec ce 4-3-3, censé être plus ambitieux dans la partie adverse du terrain, le Fc Metz n’affiche en moyenne que seulement 34% de possession de balle et moins de 5 tirs par match.
En phase offensive, la présence de Nicolas de Préville n’arrange en rien les problèmes de transition entre le milieu et l’attaque et Ibrahima Niane est plus souvent venu décrocher et relancer bas que l’ex-Bordelais. De plus, si le système hybride d’Hognon pouvait compter sur Fabien Centonze pour animer par intermittence le côté droit, Matthieu Udol, à qui le couloir gauche est laissé libre, ne remplit absolument pas ce rôle. En effet, le Messin ne se montre que très rarement dans la moitié de terrain adverse, une consigne du coach ? En réalité, l’équipe n’est que très rarement positionnée en 4-3-3 hybride, étant donné qu’elle évite au maximum les attaques placées. La “heatmap” de Lamine Gueye face à Angers notamment le souligne parfaitement. Le numéro 20 messin a passé bien plus de temps à proximité
de sa surface que dans les 30 derniers mètres adverses.
En phase défensive face au PSG, Frédéric Antonetti a d’ailleurs réussi à faire plus défensif qu’un 5-3-2 en transformant son 4-3-3 en 6-3-1, avec les deux ailiers (Yade et Gueye ce jour-là) qui redescendent au niveau des latéraux. Un schéma particulièrement défensif que l’on retrouve face à Angers le weekend suivant en fin de match, avec Maiga reculant d’un cran pour intégrer l’axe, et Gueye descendant en
position de latéral droit. Parce que pour Frédéric Antonetti c’est comme cela : une équipe qui n’obtient pas de résultats se doit de refuser le jeu et de subir en espérant marquer sur une contre-attaque, et puis c’est tout. Seulement, ce genre de tactique n’est saluée que si elle marche. Or, à deux reprises déjà, les Grenats ont encaissé un but dans les derniers instants du match alors qu’ils étaient
positionnés dans ce schéma ultra-défensif.
Ainsi, tous les signaux semblent indiquer que ce 4-3-3 n’est qu’une illusion et peut-être même simplement qu’un replacement de Lamine Gueye en piston droit. Cette hypothèse pourrait être contrebalancée par le rôle de Fabien Centonze, bien plus offensif qu’un défenseur central… L’énigme
reste alors complète : le 4-3-3, vrai changement ou illusion du coach ?
T.M
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Crédit photo: Icon Sport
