Mercato : Au FC Metz, les agents font toujours la loi

En plein mercato d’hiver et avec une direction sportive renouvelée, les constats sont toujours les mêmes. Dans la sphère FC Metz, les agents sont borgnes sont les rois d’une direction aveugle.
Laszlo Bölöni et son ami de longue date Lucien D'Onofrio, 2017

Quel est le point commun entre Laszlo Bölöni, Didier Lamkel Zé, Antoine Bernier (attaquant du RFC Seraing), Daniel Oparé (défenseur du RFC Seraing), et Luis Norton de Matos (entraîneur des U23 du RFC Seraing) ? Durant la saison 2018-2019, ils étaient, tous les cinq, salariés du Royal Antwerp FC, en première division belge. Ce qui pourrait ressembler à une simple coïncidence n’en est absolument pas une. En réalité, ils partageaient surtout l’organigramme anversois avec un homme : Lucien D’Onofrio, Directeur technique et vice-président de l’Antwerp à l’époque. Depuis quelques mois, le sulfureux agent multi-condamné conseille officieusement le président Serin. Visiblement, le célèbre impresario parvient toujours aussi bien à placer ses billes. Et il n’est pas le seul…

La république des copains

L’amour du club de Bernard Serin n’a d’égal que son incapacité à s’entourer. En bon chef d’entreprise, il n’hésite pas à sous-traiter, déléguer, et faire croquer les copains quand c’est possible. Cet été, la sempiternelle chimère du “Nouveau départ” a été une énième fois servie aux supporters : nouveau stade, nouveau staff, nouvel effectif, nouvelles ambitions. Adieux les démons du passé et la gestion conflictuelle du duo messo-corse Gaillot-Antonetti. Enfin, adieu à moitié. 

Si Frédéric Antonetti et son staff ont bien quitté la Moselle, son ombre plane toujours dans les couloirs de Frescaty. L’entraîneur corse entretient de bonnes relations avec le président Serin, et n’oublie jamais que son fils aîné est agent de métier. Alors quand le nom d’Amine Boutrah apparaît comme l’une des pistes du FC Metz fin décembre, il ne faut pas aller chercher bien loin. Originaire de Bastia, le prometteur milieu offensif de Concarneau est signé dans l’agence SAS Assist & Goal de… Pierrick Antonetti. Celui-là même qui gère les intérêts d’Alexandre Oukidja, Danley Jean-Jacques, et du « pari » Louis Mafouta.

Pierre Dréossi et Frédéric Antonetti, deux anciens collègues qui se connaissent bien

Le football est un petit milieu. Ou en tout cas, plein de coïncidence. Confier la succession de Frédéric Antonetti (qui était également manager général de l’équipe) à Pierre Dréossi, c’est un peu comme missionner un sénateur pour prendre la suite d’un député. D’apparence, on pourrait croire qu’il n’ont rien à voir, mais en fouillant un peu, on découvre qu’ils étaient collègues en même franc-camarades quelques années auparavant. Tous les deux en poste au Stade Rennais au début des années 2010, les deux hommes semblent avoir gardé un bon souvenir de leur expérience en Bretagne. 

En 2021, celui qui n’était pas encore Directeur sportif des Messins défendait même le futur ex-entraîneur du FC Metz après un coup de sang : « C’est un homme vrai, rempli d’émotions et qui ne sait pas tricher avec ses sentiments, avait confié Pierre Dréossi au Parisien. Et je trouve profondément injuste qu’on le dépeigne comme un aboyeur sur son banc de touche. Ne le réduisons pas à cela. ». Mais ce doit être un autre hasard. 

L’ascenseur fou du FC Metz 

A Metz, on prend l’ascenseur, et surtout on le renvoie. Entre deux aller-retours Ligue 1-Ligue 2, nous voilà donc aujourd’hui avec Pierre Dréossi en place, et le tentaculaire Lucien D’Onofrio en marionnettiste. Comme cité précédemment, l’arrivée de Laszlo Bölöni ne relève elle aussi pas de la bonne fortune : par deux fois, il avait été l’entraîneur de Lucien D’Onofrio, et par deux fois, il avait réussi à remporter un titre (Champion de Belgique avec Liège en 2009, et Coupe de Belgique avec Antwerp en 2020). Alors à 69 ans, et après deux échecs consécutifs à La Gantoise, et au Panathinaïkos, son vieil ami Lucio lui a offert une dernière opportunité. 

Le même été, celui qui avait donné un coup de pouce pour la reprise du RFC Seraing par Bernard Serin en 2015 a également rendu service à deux de ses connaissances. Son ami de longue date Luis Norton de Matos était nommé à la tête des U23 sérésiens en lieu et place de l’enfant du FC Metz Gregory Proment, qui devenait adjoint. Et Daniel Oparé, défenseur de son état et lui aussi champion avec le Standard en 2009 et vainqueur de la Coupe avec Antwerp en 2020, posait ses valises chez les Métallos. On pourrait également penser à José Jeunechamp, nommé à la tête du RFC Seraing en début de saison et lui aussi passé par le Liège et l’Antwerp de D’Onofrio, mais l’ancien du FC Metz a été limogé depuis. Comme quoi, le pouvoir de l’amitié trouve ses limites aux quatre lignes du rectangle vert.

Le FC Metz : la poubelle grenat du recyclage des agents

Cet hiver, Pierre Dréossi risque d’avoir du pain sur la planche. Entre un effectif à renforcer pour pouvoir rêver d’accession en Ligue 1, et le remplacement inévitable d’un Kiki Kouyaté en partance, la tâche s’annonce corsée. Pour pallier le départ du défenseur malien, l’ancien rennais a mis les petits plats dans les grands. Quand certains clubs disposent d’une armada de scouts prêts à se rendre aux quatre coins du monde, ou utilisent les outils de la data pour profiler au mieux leur futur recrue en fonction des besoins, notre directeur sportif passe un coup de fil aux copains. 

Ainsi, on apprenait récemment que Lindsay Rose, exilé en Pologne depuis quelques saisons, aurait été contacté par le club messin. De 2000 à 2008, l’international mauricien avait fait ses gammes au Stade Rennais alors que Pierre Dréossi y était Directeur sportif. Plus encore, son agent est Grec, et dispose de ses entrées au Panathinaïkos dont il représente notamment le gardien titulaire. Le même Panathinaïkos qui avait limogé Pierre Dréossi en 2021. Encore une fois, le monde du football est petit.

A tout cela, on pourrait également ajouter l’influence néfaste de certains agents, mais plutôt dans le sens des départs. Il y a quelques semaines, Metz en a ainsi encore fait les frais avec le cas Anthony Musaba. Comme révélé en conférence de presse par Laszlo Bölöni, l’ailier néerlandais avait changé d’agent quelques jours avant de vouloir subitement quitter le club. Et ce genre d’affaires ne représentent que la partie immergée de l’iceberg…

T.M.

www.socios-fcmetz.com

Crédit photos : Icon Sport, Ouest France, RTBF

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