Profilage : Quel est le style de jeu de Koffi Kouao, seconde recrue du FC Metz ?

Renfort un brin inattendu du FC Metz, Koffi Kouao est devenu le quatrième latéral droit de l’effectif messin à son arrivée. Que pouvons-nous attendre de l’international ivoirien ?

« Je me définis comme un latéral moderne. Mais être un latéral moderne, ce n’est pas qu’attaquer, c’est aussi savoir défendre. Je suis plutôt un bon défenseur, et aussi un bon attaquant. », voilà ce qu’avait déclaré Koffi Kouao à propos de son profil technique lors de sa présentation à la presse. Maniant visiblement l’art de l’autoportrait mélioratif, l’Ivoirien avait insisté sur sa polyvalence, tant recherchée à un poste qui est devenu de plus en plus exigeant ces dernières années. Demandez à Lilian Thuram de dédoubler sur un côté, avant de centrer fort au second poteau, et le champion du monde 1998, risque fortement de vous prendre pour un fou. Aujourd’hui Giacinto Facchetti, considéré comme le pionnier des latéraux moderne en Europe, ne passerait plus pour une anomalie et la part-belle est faite aux défenseurs capable d’exceller de l’autre côté de la ligne médiane. Alors, si les plus curieux ont déjà pu bondir de leurs chaises en voyant les frappes lointaines et les tacles glissés rageurs du nouveau venu messin condensés dans des compilations de moins de 3 minutes, la réalité est-elle moins flatteuse ?

Quelques défauts à gommer en attaque

Évidemment, des points restent à améliorer en attaque. Quand Pierre Dréossi a accepté de poser seulement 600 000 euros pour un joueur encore jeune, programmé pour devenir titulaire à son poste, le directeur sportif du FC Metz savait parfaitement qu’il ne mettait pas la main sur un joueur fini. Alors, si le FC Metz ne tient pas ici le Trent Alexander-Arnold de Liga Bwin, Koffi Kouao est loin d’avoir menti lorsqu’il a affirmé être plutôt un bon attaquant. Doté d’un très gros volume de jeu sur son côté droit, l’Ivoirien attaque sans relâche son vis-à-vis et multiplie les centres (plus de 3,5/match ces 2 dernières saisons) avec un taux de réussite plus qu’honorable (31,5%), le plaçant au-dessus de Fabien Centonze en quantité et en réussite. Adepte des combinaisons avec son ailier, Kouao n’hésite pas à prendre l’axe quand il le faut pour déclencher des frappes. Une sorte de « spéciale Kouao » semble même se dessiner lorsqu’il repique dans l’axe aux abords du coin supérieur de la surface de réparation pour frapper dans un angle fermé qu’il maîtrise bien.

Mais le tableau Koffi Kouao comporte toujours quelques traits à corriger, quelques couches à ajouter avant de prétendre être un chef-d’œuvre. S’il est plutôt en réussite dans les duels offensifs et sur les dribbles en un-contre-un, sa conduite de balle le met régulièrement en difficulté. Sa première touche reste à améliorer mais surtout, le droitier pousse bien trop souvent son ballon trop loin. S’il dispose d’une vitesse de pointe intéressante, il peut être parfois un peu gourmand, ou tout simplement trop indélicat en s’emmenant le ballon en profondeur. Cela tient cependant certainement de l’une de ses caractéristiques : son énergie débordante. Autre point faible : s’il tente un nombre important de tirs pour un défenseur (plus de 1 par match en moyenne), il manque cruellement de précision et ne cadre que trop rarement ses frappes. Un défaut qui pourrait s’avérer négligeable pour un défenseur, mais qui le devient moins lorsque l’intéressé balance 3 frappes en tribune dans la même rencontre. Il faudra régler la mire, ou trouver le juste milieu.

De la générosité en défense

Koffi Kouao, c’est la même énergie en attaque qu’en défense. Ainsi, l’international ivoirien n’hésite jamais à se lancer dans des duels, mais sait également utiliser sa vitesse à bon escient. Utilisateur régulier des retours décisifs en tacles glissés, il sait faire collaborer sa vélocité et son sens du timing pour se jeter proprement. Mais attention, le tacle glissé est loin d’être une science exacte, et son penchant pour les sauvetages dans la surface pourrait lui valoir quelques ennuis. Cet avantage physique se retrouve également dans les airs : malgré seulement 1m73 sous la toile, Koffi Kouao remporte plus de 58% de ses duels aériens, grâce à sa détente épatante et sa bonne lecture des trajectoires. Un joueur réellement monté sur ressort et qui est même souvent cherché par son gardien sur les 6 mètres.

Dans les duels au sol, ça se complique pour Koffi Kouao. Trop souvent effacé par son vis-à-vis en situation de un- contre-un, il a pour lui de ne jamais l’affaire, même si parfois il le faudrait. Régulièrement un temps en retard, le nouveau latéral messin concède de nombreuses fautes en tentant de rattraper une erreur individuelle au début de l’action, un classique chez les défenseurs lisant mal le jeu. Lorsqu’il est bien placé, il aura alors tendance à donner trop facilement l’information à son opposant direct en orientation trop ostensiblement son corps vers le couloir, laissant l’axe dépourvu de couvertures. Une occasion que ne manquent rarement de saisir les ailiers adverses, qui se régalent dans le dos de Kouao et peuvent tranquillement repiquer. Ces difficultés, trop souvent compensées par des fautes, font de lui un joueur très exposé aux fautes et aux cartons. Tactiquement, il manque beaucoup de bases en défense pour Kouao qui veut tout faire trop vite, mais le potentiel est bien là.

En bref, le néo-Messin entre bel et bien dans les carcans du latéral moderne : fort dans la moitié de terrain adverse, capable d’être le premier relanceur et de porter le ballon, et doté d’une belle qualité de centre, mais devra faire de gros progrès en défense. Sa supériorité physique au Portugal pouvait cacher de nombreuses lacunes mais il se peut qu’en France, l’écart se réduise. Souffrant de lacunes dans son placement, et son anticipation en défense, il risque de se retrouver en difficulté face aux meilleurs ailiers du championnat. On ne serait pas surpris d’apprendre que, dans un passé pas si lointain, Koffi Kouao évoluait en tant qu’ailier…

T.M.

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Crédit photo : Icon Sport, FC Metz

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