Focus Boulaya VS Bassi : Amine Bassi est-il le remplaçant naturel de Farid Boulaya ?

Arrivé EN PROVENANCE du second centre dE formation du FC Metz (l’ASNL), le milieu offensif français débarque sur les bords de la Moselle avec une mission claire pour la saison prochaine : remplacer Farid Boulaya.

En partance, le numéro 10 algérien lui laissera la lourde tâche d’animer cette équipe au même niveau qu’il a pu afficher cette saison, mais en sera-t-il capable ? En analysant ses 4 saisons de Ligue 2 passées en banlieue Sud, ainsi qu’en comparant ses statistiques à celle du meneur messin, nous tâcherons d’apporter des éléments de réponse à cette interrogation…

 

Des parcours diamétralement opposés…

 

Si Farid Boulaya a dû longtemps prendre son mal en patience avant de percer au plus haut niveau avec le FC Metz, passant de la Ligue 2 avec Istres et Clermont au banc de Ligue 1 à Bastia avant un prêt raté en Espagne, le parcours d’Amine Bassi est tout à fait différent. A Nancy depuis ses 17 ans, cela fait plusieurs saisons que le milieu offensif crève l’écran en Ligue 2, comme Boulaya avait pu le faire en 2015-2016 avec Clermont. Des rumeurs indiquaient même que le joueur nancéien faisait le forcing l’été dernier pour rejoindre Metz et la Ligue 1. Né en région parisienne (à Bezons) en 1997, Amine Bassi n’est pas réellement un pur produit de l’ASNL et de la région nancéienne, ce qui peut en partie expliquer son cynisme vis-à-vis de la rivalité entre les deux clubs : seule la logique sportive le guide. Ainsi, malgré déjà 3 saisons pleines de Ligue 2, Bassi est un joueur beaucoup plus précoce que Boulaya, ce qui laisse certainement un indice sur ses capacités d’adaptation. En effet, si le meneur algérien à complètement éclos cette saison au point d’être une star des évaluations statistiques, il a fallu le mettre dans de parfaites dispositions afin qu’il puisse pleinement s’exprimer. Au point parfois de mettre en place l’original système hybride qui déséquilibre souvent l’équipe en défense, mais qui permet d’avoir un numéro 10. Amine Bassi, lui, s’est d’abord montré sur une aile en début de carrière où il a su performer, avant de retrouver sa position de 10. Une versatilité plus importante, à l’image de son ami Vagner Dias, que nous reverrons plus tard.

Pour le présenter rapidement, Amine Bassi est un milieu offensif de 1m73, capable de jouer sur les deux ailes et parfois en attaquant de soutien. Il est né à Bezons dans le 95, le 27 novembre 1997 et joue au Racing Club 92 avant d’arriver à l’ASNL en U17 après avoir affronté les Nancéiens en U17 Nat. Il s’offre sa première titularisation et ses premières minutes en Ligue 1 en fin de saison 2016-2017 lors d’une défaite 3-0 contre Monaco. Bassi passe ensuite rapidement pro puisqu’il signe son premier contrat en juillet 2017. Pour la saison 2017-2018 de Ligue 2, il s’impose rapidement en inscrivant 2 buts et en délivrant 1 passe décisive dès le 5ème match de la saison. Depuis, il est le maître à jouer des voisins et sans doute l’un des tous meilleurs joueurs de Ligue 2.

 

… mais des profils assez similaires

 

Si l’un a un parcours bien plus linéaire que l’autre, ils n’en demeurent pas moins des joueurs très semblables une fois sur le terrain. Tous les deux des numéros 10 capables de jouer sur un côté avec plus (Bassi) ou moins (Boulaya) de réussite, leur plus grand point commun est certainement ce profil de joueur “frisson”. Ces joueurs capables de tout sur un terrain, souvent un brin irrégulier, et qui peuvent faire lever un stade sur un dribble ou une ouverture lumineuse (mais aussi agacer une partie du public lors de pertes de balles). Et cela se ressent dans les statistiques.

Amine Bassi affiche des chiffres quasiment similaires à ceux de Boulaya cette saison : 40,1 passes par match dont 13,7 vers l’avant pour l’Algérien contre 48,1 passes par match dont 13,6 vers l’avant pour le franco-marocain, avec des taux de précision quasi-identiques, et même des longueurs moyennes très proches (21m en moyenne pour Boulaya, 20 pour Bassi). Ce dernier chiffre, assez élevé, est révélateur : dans le système de contre-attaque d’Antonetti, Boulaya a souvent dû user de la passe longue/mi-longue pour casser rapidement des lignes et profiter de la vitesse de ses attaquants, ce qu’Amine Bassi fait aussi à Nancy. De plus, les adversaires du FC Metz ont souvent vu Farid Boulaya redescendre d’un cran et aller chercher le ballon dans les pieds des défenseurs avant de déclencher une passe longue afin de combler les lacunes de ses milieux dans la projection, et là aussi, son volume et sa précision de passe longue par match correspond à celle de la dernière recrue du FC Metz. Des statistiques qui rassurent sur la capacité du transfuge messin à suppléer Farid Boulaya dans ce rôle de transmission, lui qui n’a pas été que le créateur cette saison.

Un niveau de créativité au dessus de la moyenne  

 

Si le numéro 10 messin a su accomplir le travail de l’ombre lorsque ses compères du milieu se montraient en difficulté, c’est notamment par sa créativité qu’il a brillé cette saison. Avec 7 passes décisives et surtout 8,2 xA (passes décisives attendues) il a été l’un des joueurs les plus décisifs de Ligue 1 dans la dernière passe, et ce malgré une attaque souvent peu convaincante. Amine Bassi a lui aussi vécu la même situation à Nancy, où il n’accumule que 3 passes décisives pour 6,02 xA, la faute à des attaquants nancéiens manquant de réalisme… Plus encore dans le mimétisme de leurs profils, les deux joueurs ont un nombre de passes vers l’avant par match similaire (7,6 pour Boulaya, 7,8 pour Bassi), de passes dans les 30 derniers mètres semblables (8,3 pour Boulaya, 7,9 pour Bassi) et même un nombre de passes cassant des lignes identique (2,04 par match).

Ainsi, si Amine Bassi peut sembler moins créatif au premier coup d’œil sur ses stats, il est en réalité assez peu récompensé et affiche des statistiques similaires à son homologue algérien. Rapportées sur 90 minutes, les deux joueurs trouvent aussi régulièrement leurs coéquipiers, que ce soit dans les 30 derniers mètres ou dans la surface, et n’usent tout deux que très peu des centres (0,7 par match chacun). Si Boulaya est plus précis sur les passes en profondeur, Bassi est meilleur sur les passes dans la surface de réparation. Mais s’il y a bien un domaine qui sépare les deux joueurs, c’est la créativité balle au pied. Avec plus de 4,5 dribbles par match en moyenne, Farid Boulaya a fait partie des dribbleurs les plus prolifiques du championnat, et sûrement l’un des plus techniques. L’élimination de Caqueret juste avant le but contre Lyon est encore dans les têtes des supporters messins tout comme son “flip-flap” avec l’Algérie en début d’année. Il porte beaucoup le ballon et n’hésite pas à s’engager dans des chevauchées en contre-attaque (2,3 courses progressives par match).

Au contraire, Amine Bassi est lui beaucoup plus “timide” avec le ballon. Avec seulement 2,3 dribbles par match et 1,45 courses progressives dans l’antichambre de la Ligue 1, il se démarque moins dans un compartiment du jeu qui pourrait être utile en cas de milieux de terrain en manque d’inspiration comme on a pu le voir cette saison. En bref, s’il s’adapte à la Ligue 1, le franco-marocain a donc tout à fait le profil pour combler le départ de Farid Boulaya. Ce qu’il a pu montrer ces dernières saisons à Nancy est assez similaire à ce qu’à proposé le futur ex-messin cette saison, que ce soit dans l’impression visuelle ou les statistiques et même s’il est moins productif dans les dribbles, duels et courses progressives, il a montré de belles choses et une aisance dans les petits espaces qui lui sera utile.

 

En surrégime devant le but ?

 

En seulement 19 matchs (contre 36 pour Boulaya), Amine Bassi a inscrit 7 buts en Ligue 2, de quoi imaginer une saison à 15 buts s’il avait démarré tous les matchs. Des statistiques conséquentes pour un milieu offensif mais qui pourraient se révéler trompeuses. En inspectant de plus près, Amine Bassi affiches des statistiques “ronaldesques” avec 25% de conversion de ses frappes en but. Plus encore, sur ses 28 tirs cette saison, 11 étaient cadrés et 7 ont fini au fond des filets, soit un taux de conversion des frappes cadrées de 63%. Des chiffres quasi-impossibles à soutenir sur une saison. A titre de comparaison, Farid Boulaya a tiré 79 fois cette saison, dont 29 tirs cadrés pour le même nombre de buts (7), soit 8% de taux de conversion. Cristiano Ronaldo affiche lui un taux de conversion de 15% cette saison, soit 10% de moins que Bassi.

Il faudra donc certainement s’attendre à une production en but similaire à celle de Farid Boulaya pour Amine Bassi qui a complétement surperformé ses xG (3,29 xG-7 buts) et devrait revenir dans la norme. Cependant, il est impossible d’ignorer la qualité de frappe de loin d’Amine Bassi. L’ex-Nancéien inscrit plusieurs fois par saison des buts de plus de 30 mètres et est une menace constante si les défenses lui laissent trop d’espace. Il a affirmé avoir travaillé ses frappes de loin en interview et cela a payé. Ses frappes flottantes ont surpris plus d’un gardien et il peut trouver la lucarne de l’extérieur de la surface. Un duo avec Pape Matar Sarr offrirait certainement de nombreux bijoux aux supporters la saison prochaine. De plus, Bassi possède également un avantage sur son prédécesseur : il est capable de tirer les penaltys. Si Farid Boulaya a été en difficulté sur cet exercice (la panenka, le pénalty capté par Lopes), Amine Bassi s’est montré à l’aise dans l’exercice et capable de prendre ses responsabilités.

Un bref mot sur les coups de pieds arrêtés : les deux joueurs ont su se révéler comme de très bons tireurs, que ce soit des coup-francs ou des corners. Avec 2 coups-francs inscrits chacun cette saison, ils ont su se démarquer par leur habileté dans l’exercice. La grosse différence résidant dans la part de coups-francs tirés vers le but : si 31% des coups-francs de Farid Boulaya sont directs, seulement 5% de ceux d’Amine Bassi le sont. Ce dernier choisit beaucoup plus régulièrement le centre et ne tente directement que si la position lui est réellement favorable, ce qui lui permet d’être plus précis dans l’exercice que son prédécesseur (33% de précision contre 24% pour Boulaya).

 

Un bilan favorable DANS SON ENSEMBLE

 

Avant même l’aspect sportif, le FC Metz semblait d’ores et déjà avoir accompli une excellente opération en recrutant Amine Bassi. Ce dernier répondait au besoin de recruter un numéro 10 avec le départ de Boulaya, arrivait libre et ne coûtait donc rien à un FC Metz en difficulté financière, à l’instar de bon  nombres de clubs français. Son entente avec Vagner ne manquera pas de faire enrager le voisin nancéien. En analysant les statistiques et données de performance du néo-messin, il apparait même que le recrutement d’Amine Bassi semble très cohérent sportivement, tant la similarité avec Boulaya est saisissante. Leurs forces et faiblesses sont très proches et la principale différence entre les deux est certainement l’utilisation du dribble ou des courses progressives pour créer balle au pied. Sa précision sur coups de pied arrêtés et même sa capacité à tirer des pénaltys vont faire du bien au FC Metz version 2021-2022, tandis que sa vision du jeu et sa qualité de passe vont régaler les attaquants messins.

Reste une inconnue et pas des moindres : la marche entre la Ligue 2 et la Ligue 1 sera-t-elle franchissable pour Amine Bassi ? Dans le passé (qu’il soit proche ou non), un certain nombre de joueurs ont échoué à franchir ce cap et performer au plus haut échelon du football français. La capacité d’Amine Bassi à répondre présent sera certainement l’un des facteurs capitaux de la prochaine saison messine…     

T.M

Crédit photo : FC Metz

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