Première recrue phare de ce mercato messin, l’expérimenté défenseur angevin débarque à Metz dans un costume de titulaire en puissance aux côtés du Malien, Kiki Kouyaté. Mais leur complémentarité n’est pas si évidente que cela de prime abord…
Dans une bonne défense à 4, la complémentarité des deux centraux est certainement la clé de voûte défensive de l’équipe. La capacité des ces deux hommes à se compléter et à évoluer conjointement va impacter l’équipe, en bien ou en mal, et les entraîneurs le savent. Alors bien sûr, il n’existe pas qu’une seule association de défenseurs possible. Dans les années 80, le Milan de Sacchi mettait fin à la domination des libéros et des formations à 3 défenseurs en abandonnant le marquage individuel. A l’époque, la complémentarité des défenseurs se situait plus dans leur capacité à se comprendre et bouger ensemble : un joueur monte, l’autre couvre. De nos jours, une autre association, cette fois plutôt basée sur les profils, est populaire : un relanceur et un stoppeur. C’est sur cette association que s’est basé le FC Metz de la seconde partie de la saison 2020-2021 par exemple, avec un axe Bronn-Boye. A l’heure où ces lignes sont écrites, le FC Metz se dirigerait vers un nouveau duo en défense centrale, entre l’expérimenté Ismaël Traoré, et le roc Kiki Kouyaté, mais sont-ils compatibles ?
Une association plus Sacchi que Guardiola
Car sur le papier, il est difficile de distinguer un vrai relanceur parmi les deux (futurs) compères. A Metz, Kiki Kouyaté n’est pas vraiment connu pour la précision de ses transversales, ou sa capacité à briser des lignes. Ismaël Traoré, lui, est aussi plutôt du genre délégataire quand il s’agit de la relance, et l’Ivoirien préfère systématiquement (ou presque) opter pour la passe latérale plutôt que de chercher le milieu de terrain seul au rond central, ou le latéral qui a le champ libre sur l’aile. Avec ces deux joueurs donc, la défense de Lazslo Bölöni serait dépourvue d’un relanceur, profil si cher à Pep Guardiola et qui était incarné par le Tunisien Dylan Bronn jusqu’ici. Si les deux hommes venaient à être associés la saison prochaine, le duo marquerait plus un choix de la direction sportive, qu’une réelle carence : confier la relance aux latéraux, et à un milieu de terrain qui décroche régulièrement.
Néanmoins, si on omet ce problème de relance, les deux profils peuvent se compléter, mais se ressemblent : deux grand défenseurs, dominateurs dans les airs, plutôt dans la couverture que dans l’anticipation. Kouyaté, ces deux dernières années, a prouvé à maintes reprises qu’il excellait en position de dernier défenseur, et ce ne sont pas ses 2 boulettes en fin de saison dernière, dans un contexte particulier, qui nous feront penser le contraire. De son côté, Ismaël Traoré, avec l’âge, se cantonne lui aussi à un rôle de couverture, moins exigeant physiquement. Placé au centre de la défense à 3 de Gérald Baticle la saison dernière, l’Ivoirien n’est plus aussi rapide que par le passé et par conséquent tente moins de sortie sur l’attaquant et de marquage individuel. Au contraire, Kiki Kouyaté est dans la force de l’âge, capable d’être rapide, et pourrait largement effectuer ce travail d’anticipation et de balayage en complément de son compère ivoirien, mais il faudrait peut être forcer sa nature…
Deux profils assez semblables
En fin de compte, les deux défenseurs se ressemblent beaucoup, au point de se demander si Ismaël Traoré ne serait pas le remplaçant du Malien qui n’est bien sûr pas à l’abri d’un départ en cas d’offre suffisante. A vue d’œil, la comparaison saute aux yeux : deux grands défenseurs, solides dans les airs et costauds physiquement, présent dans les duels et pas forcément les plus à l’aise à la relance, même si capables de quelques belles passes. Et le préjugé se confirme, en règle générale, les deux joueurs semblent assez similaires, même si l’activité de Traoré est moins importante, car dans un rôle différent et avec un âge plus avancé. Les deux hommes sont très efficaces dans leurs duels défensifs dont il ressortent victorieux plus de 70% du temps chacun, tout comme pour les interceptions, domaine dans lequel les deux joueurs excellent. Le principal point de discorde se trouve dans la capacité d’Ismaël Traoré à défendre débout et ne jamais se jeter, chose que n’hésite pas à faire Kiki Kouyaté. Ainsi, lorsque Kouyaté commet près de 1,40 faute par match, Traoré n’émerge qu’à 0,48. Une propreté remarquable, qui vient avec l’expérience le plus souvent, et qui se traduit par un nombre de cartons jaunes réduit au minimum (1 seul en 25 matchs de Ligue 1 la saison dernière).
A l’examen des caractéristiques propres aux deux joueurs, actuellement coéquipiers, cette proximité des profils interroge : Ismaël Traoré est-il venu pour compléter Kouyaté, et couvrir pendant que le Malien sort sur l’attaquant ? Ou est-il venu pour pallier son départ ? Seul le staff en a la réponse et les prochains jours pourraient être décisifs…
T.M.
www.socios-fcmetz.com
Crédit photo : Icon Sport
