[Après-match : FC Metz – AS Nancy Lorraine] Nancy capitule, Metz capitale

Dans un stade St-Symphorien en sourdine, les Grenat n’ont fait qu’une bouchée de leurs voisins du Sud, rapidement réduits à dix, dans un match à sens unique (3-0)…

Le live report

Mardi soir, 18h30. C’est jour de derby. Une rencontre jamais comme les autres en ce sens où l’enjeu peut à tout moment prendre le dessus sur le jeu. Ou les circonstances sont parfois telles que le match peut basculer d’un rien vers le mythique ou le tragique. Un moment fort sur le terrain qu’appréhende forcément tout joueur de football. A quelques minutes du premier coup de sifflet, la plus intense des batailles de la Lorraine est imminente. En ce début de soirée, pourtant, rien ne laisse présager les auspices d’un tel évènement. La foule qui s’empresse d’accéder au plus vite à l’arène ne semble pas spécialement habitée de cette haine farouche dont s’imprègne d’ordinaire l’aficionado lambda. Niveau sécurité, le dispositif de police mobilisé est des plus classiques dans un tel contexte mais le climat social n’apparaît pas plus tendu qu’à l’accoutumée. A l’intérieur du temple paisible, le silence se fait curieusement roi.

En tribunes, ce n’est pas que la Horda Frénétik et la Génération Grenat sont à la peine mais cela manque cruellement d’impact, de résonance, de spontanéité et d’entrain en termes d’animation. Une atmosphère morose à souhait. Ou en fait, c’est juste que St-Symphorien sonne quelque peu creux. La ferveur et la passion auraient, semble-t-il, fui la région en même temps que les gelées hivernales ont précipité leur retour. Les conditions météorologiques sont pourtant des plus clémentes pour la saison. Une brise certes à demi glaçante s’est immiscée un peu partout dans le stade, mais la neige qui était annoncée en Moselle en début de semaine ne s’est même pas invitée au rendez-vous numéro 1 de la saison. Tout semble donc parfait pour assister à une grande soirée de football.

Du reste, ce qu’il est étonnant de pouvoir contempler depuis les travées de St-Symphorien cette tranquillité absolue qui règne dans un stade censé abriter l’hostilité dans sa forme la plus primaire. Cela, à quelques instants seulement du match le plus attendu par toute une région. Ce colisée messin qui, en principe, n’attend plus qu’à s’embraser à la moindre incursion grenat aux abords des 18 mètres adverses, prêt à se soulever pour honorer la gloire du peuple à la Croix de Lorraine. Bizarrement, on a cette sensation à l’approche du coup d’envoi que cette nuit hivernale ne devrait pas plus que cela entrer dans les annales de la saison. Encore moins de celles d’un derby, pourtant vigoureusement chargé en histoires & en anecdotes en tous genres…

Définitivement, il y a quelque chose de différent. Comme si le parfum du derby s’était déjà dissipé, voire consumé, bien avant la rencontre. Comme si le fatidique l’avait emporté sur l’émotion. Davantage une odeur de soufre dont il est question, à vrai dire. Ce qui n’a franchement rien d’étonnant si l’on se place dans le giron nancéen. Car dans le camp d’en face, c’est indéniablement l’une des moins attrayantes -pour ne pas dire pire- formations des Rouge et Blanc qui s’apprête à disputer le 67ème derby lorrain en compétition officielle. Privée de ses recrues récentes -lesquelles ne peuvent être qualifiées pour disputer un match en retard-, l’ASNL se présente à St-Symphorien avec une équipe à la fois expérimentale, fragile et en pleine crise de confiance.

Sur le rectangle vert, se reproduit la copie conforme d’à peu près 90% des matchs du FC Metz cette saison. Une équipe adverse qui forme un bloc médian extrêmement bas, se contentant de procéder par petits contres interposés. Comme à l’accoutumée, les Grenat confisquent quasi automatiquement le ballon des pieds de l’ennemi. Ayant démarré tambours battants, la formation dirigée par Vincent Hognon prend nettement l’ascendant, à la fois sur l’aspect psychologique, tactique et technique. Alors que le score est miraculeusement encore vierge, le jeune attaquant Dembele commettra l’irréparable sur Boye -ça doit pas être agréable à encaisser un tel coup- et se verra sanctionné durement par l’arbitre : carton rouge (19ème). Ça pique déjà pour les Chardons. Une expulsion qui ne changera pas pour autant une physionomie du match déjà largement à l’avantage du club à la Croix de Lorraine.

Le souci c’est que, comme trop souvent également cette saison, les Messins éprouvent des difficultés à sanctionner négativement lors de leurs temps forts. Tour à tour, Hein (8ème), Delaine (9ème), Nguette (14ème), Gakpa (23ème) et Niane (37ème) ne parviennent pas à faire sauter le verrou rouge et blanc, en dépit d’une domination sans partage. Dans leurs couloirs respectifs, Delaine et Balliu -déjà très offensifs habituellement- livrent un véritable récital de percussion et de dédoublement. Finalement, c’est le jeune « Ibou » -ou Ibra comme on le surnomme- Niane qui fera la différence quasiment tout seul plein axe, au milieu d’une foultitude de jambes, en expédiant un missile en direction de la lucarne de N’Dy Assembe (1-0, 41ème). C’était le minimum à attendre, au vu de ces 45 premières minutes à sens unique.

De retour des vestiaires, les visiteurs ne seront même pas en capacité de semer le doute parmi l’arrière-garde messine. Par manque de justesse et de talent, mais surtout de gnac. De l’envie et de la fierté, il y en a un peu plus, côté messin. Pour ne pas sombrer au tableau d’affichage, il faudra l’aide d’un grand gardien nancéen. Heureusement pour eux, N’Dy Assembé profite de l’occasion pour sortir le grand jeu, simultanément devant Gakpa (47ème), Niane (53ème) et Diallo (63ème et 73ème). Mais à l’entame du dernier quart d’heure, Nancy est au plus profond de l’agonie. Incapable de ressortir le moindre ballon en dehors de son camp, la formation entraînée par l’expérimenté Alain Perrin finira par craquer totalement. Un corner de Gakpa superbement repris par Maiga (2-0, 75ème) agrémenté d’une attaque placée rondement menée avec Gakpa à la baguette et Niane à la finition (3-0, 82ème) finiront d’achever définitivement le scalp de l’ASNL. Une prestation cauchemardesque des Meurthe-et-Mosellans qui aurait pu tourner à la correctionnelle si les Grenat avaient converti, ne serait-ce qu’une occasion sur deux. Pour l’anecdote, Nancy parachèvera la rencontre avec…un seul tir (dans le temps additionnel) au compteur. Dans l’histoire du derby, pas sûr qu’il y ait eu trace d’un tel écart entre les deux équipes…

 

Les notes des joueurs

 

Les tops :

Maiga (8) : en l’absence de Angban et surtout Fofana, le joueur prêté par St-Etienne a pu étaler sa palette tout en puissance et en technique ; en plus d’avoir été à l’initiative de la plupart des actions messines, il est doublement décisif sur sa passe adressée à Niane puis sur cette jolie tête décroisée au premier poteau. Eblouissant.
Niane (7) : préféré à son compère Diallo, le jeune avant-centre sénégalais a d’abord dû régler la mire dans la première demi-heure avant de tromper par deux fois la vigilance de N’Dy Assembé. Il a clairement marqué des points.
Sunzu (7) : le patron de la défense messine a tout simplement régné sur sa défense -ou plutôt le milieu de terrain où il y a passé une partie non négligeable de la rencontre ; premier relanceur de l’équipe, rien ni personne ne pouvait s’opposer à l’international zambien sur le terrain.

Les semi-flops :

Hein (4) : c’est peut-être dur pour lui mais on attendait franchement plus du natif de Thionville sur une telle rencontre, d’autant plus qu’il s’agissait d’un derby ; l’ailier gauche messin a malheureusement trop souvent pêché dans l’avant-dernier geste ou dans ses choix, malgré une participation active dans le jeu.

 

M.D

P